March 28, 2023

Le nouveau chef de la police de Montréal Fady Dagher a enfilé mardi soir l’uniforme de patrouilleur et a arpenté les rues de Notre-Dame-de-Grâce, là où tout a commencé pour lui dans la police il y a plus de 30 ans. Le Journal a pu l’accompagner alors qu’il patrouillait devant les mêmes motels qui attirent toujours des trafiquants de drogue et des proxénètes, a circulé devant un immeuble où il s’est déjà infiltré pour y acheter de la drogue comme agent double et a même dû répondre d’urgence à un appel pour une possible tentative de meurtre.

Comment vous êtes-vous retrouvé sur la patrouille?

D’abord, ça s’est passé live à la télé! (sur le plateau de Tout le monde en parle) L’humoriste Maude Landry m’a dit que son frère est policier au poste 9 et qu’il ne pouvait pas venir à la première de son spectacle parce qu’il travaille. J’ai dit: «Ha bien! Tu peux être certaine que je vais patrouiller à sa place!» Ce n’était pas planifié du tout. Et je le fais parce que j’aime ça.

Quelle a été la réaction des policiers mardi soir en vous voyant?

Quand je suis rentré au poste, des gens étaient surpris, plusieurs n’en revenaient pas que je sois venu patrouiller. Mais plusieurs ont remarqué ça : (il montre son épaule) je ne porte aucun grade, j’ai enfilé la chemise bleue (de patrouilleur), j’ai un name tag bleu comme eux, plutôt que doré. Il y en a qui ont été émus de voir ça. « On n’en revient pas que vous soyez habillé comme nous », qu’on m’a dit.


En fin de quart, le chef Dagher a dû répondre à un appel qui est d’abord entré comme une tentative de meurtre. L’événement, qui s’est produit dans un logement de la Rue Sherbrooke Ouest, dans Notre-Dame-de-Grâce, s’est finalement avéré moins grave.

Photo Valérie Gonthier

En fin de quart, le chef Dagher a dû répondre à un appel qui est d’abord entré comme une tentative de meurtre. L’événement, qui s’est produit dans un logement de la Rue Sherbrooke Ouest, dans Notre-Dame-de-Grâce, s’est finalement avéré moins grave.

Pourquoi est-ce important pour vous d’aller sur le terrain?

Même quand j’étais à Longueuil (comme chef), j’y allais quelques fois par année. Je déteste patrouiller comme 3e personne en arrière. Je veux être en avant avec mon partenaire. Ça me permet de le découvrir, de l’écouter. Je me dis que si cet agent pense comme ça, il doit y en avoir plusieurs qui pensent comme lui. Ça forge mes réflexions. Être sur le terrain, être à l’écoute, ça permet de savoir des choses. Si je reste au 9e étage (du quartier général), je ne les saurai jamais ces choses.

Vous avez toujours dit que vous vouliez être proches de vos policiers. Pourquoi?

J’adore les gens de la base, c’est-à-dire ceux sur le terrain. Parce que c’est là que ça se passe, ce sont eux qui ont le vrai pouls, ce sont eux qui vont nous dire exactement ce qui se passe. J’aime mieux les stratégies du bas vers le haut. Ma base, c’est ce qu’il y a de plus important. Je veux être proche des patrouilleurs, des enquêteurs, qui travaillent jour, soir et nuit, en overtime.


Lors du passage du chef à l’émission Tout le monde en parle dimanche, l’humoriste Maude Landry a dit au policier que s’il remplaçait son frère sur la patrouille, il pourrait manger son lunch. Le frère de l’artiste, Gabriel, a bel et bien fournit un repas à son patron : un sauté aux légumes et tofu.

Photo Courtoisie

Lors du passage du chef à l’émission Tout le monde en parle dimanche, l’humoriste Maude Landry a dit au policier que s’il remplaçait son frère sur la patrouille, il pourrait manger son lunch. Le frère de l’artiste, Gabriel, a bel et bien fournit un repas à son patron : un sauté aux légumes et tofu.

Vous parlez ouvertement de la difficulté du métier de policier. Pourquoi?

Parce qu’on est jugé rapidement pour des choses qui se passent parfois en une fraction de seconde. On est sous pression à tout moment. En plus, avec la complexité de la santé mentale, la période post-pandémie, les gens sont de moins en moins patients, plus agressifs. Et nos policiers sont constamment exposés à cette clientèle. C’est très compliqué d’être policier. C’est important que le chef le dise, le reconnaisse, l’admette.

Qu’allez-vous faire pour amener et garder les policiers à Montréal?

Le recrutement va être la priorité numéro un. La rétention aussi. Mais je vais vouloir sortir des sentiers battus. Ça va demander de l’audace au niveau de la Ville et du gouvernement d’accepter ça. Je ne sais pas si on a les coudées franches, c’est pour ça que je ne veux pas en parler trop. On a prévu embaucher 310 nouveaux policiers cette année, mais on se fie juste au bassin (de policiers qui vont sortir de Nicolet), on n’y arrivera pas.


Fady Dagher a patrouillé dans les rues de l’arrondissement Notre-Dame-de-Grâce, là où il a débuté sa carrière de policier il y a plus de 30 ans.

Photo Valérie Gonthier

Fady Dagher a patrouillé dans les rues de l’arrondissement Notre-Dame-de-Grâce, là où il a débuté sa carrière de policier il y a plus de 30 ans.

Comment peut-on endiguer la violence armée à Montréal?

Il faut donner aux enquêtes plus de robustesse et plus de moyens. En plus de tout ce qui était en place, il faut en faire plus. J’ai consulté mes troupes, on y travaille. L’événement qui s’est produit dimanche dans Rosemont (un homme en crise qui a ouvert le feu vers deux patrouilleurs), je suis allé sur le terrain. L’arme qui a été saisie, c’était une mitraillette. Je suis habitué à saisir cette sorte d’arme, mais auprès du crime organisé. Là, ça s’est retrouvé entre les mains de quelqu’un qui a des problèmes de santé mentale, ce n’est pas normal.


Le chef Fady Dagher a patrouillé en duo avec l’agente Bellavance, qui est policière depuis plus de deux ans.

Photo Martin Alarie

Le chef Fady Dagher a patrouillé en duo avec l’agente Bellavance, qui est policière depuis plus de deux ans.

En quoi la hausse des problèmes de santé mentale complique le travail des policiers?

On avait des cas de santé mentale dans les années 90, mais nos policiers répondent à beaucoup plus d’appels à ce niveau, que ce soit des chicanes de voisinage, de la détresse humaine. Chaque appel peut prendre entre deux et trois heures à gérer. Ce soir, on en a eu un avec un monsieur qui était calme, et tout d’un coup, il ne l’était plus!

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