
Le tunnel entre Québec et Lévis sera-t-il finalement réservé exclusivement au transport en commun? Le premier ministre François Legault laisse planer le suspense en attendant la mise à jour que doit bientôt faire Geneviève Guilbault.
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Par le passé, Québec solidaire s’était montré ouvert à un 3e lien dédié uniquement au transport collectif, avant de se raviser pendant la dernière campagne électorale, en proposant plutôt une bonification de l’offre par les deux ponts existants. Le Parti Québécois a quant à lui proposé un tunnel dans lequel circulerait un train léger, de centre-ville à centre-ville.
« Bien, écoutez, attendons, d’ici quelques semaines, l’étude d’achalandage, puis là on pourra répondre à vos questions avec des données », s’est limité à dire le premier ministre, lorsque questionné à ce sujet au lendemain du budget, qui ne prévoit rien de précis pour le 3e lien.
Rappelons que les études qui étaient attendues en début d’année devraient être dévoilées prochainement par la ministre des Transports et la Mobilité durable, en tenant compte de l’impact du télétravail sur les déplacements entre les deux rives.
Deux voies pour le transport collectif
Relancé par la presse parlementaire concernant les sommes réservées au transport en commun pour les années à venir, François Legault a fait valoir que de « grands projets de transport collectif » sont dans les cartons.
« D’abord, à Québec, tramway de Québec, on va continuer de le supporter, puis on sait qu’il y aura probablement des augmentations de coûts. Dans le tunnel [Québec-Lévis], bien, il y aura deux voies qui sont pour le transport collectif », a-t-il assuré.
Interrogé la semaine dernière à savoir si le projet de 3e lien comprend toujours des voies pour les véhicules, le ministre responsable de la Capitale-Nationale, Jonatan Julien, s’en est essentiellement remis lui aussi à la présentation que Mme Guilbault doit faire prochainement. « Moi, je n’ai pas vu la dernière mouture, mais il n’a jamais été question qu’il n’y ait pas de voitures, en tout cas, à mes oreilles à moi », a dit M. Julien.
Surchauffe
Avant la relâche parlementaire, celui qui est également ministre responsable des Infrastructures a admis que le projet de tunnel entre Québec et Lévis, comme tous les autres projets majeurs d’infrastructures, risque d’être affecté lui aussi par la surchauffe dans le secteur de la construction, qui fait exploser les coûts de nombreux projets.
En début de semaine, le ministère des Transports a notamment annoncé par voie de communiqué que les coûts du chantier de rénovation du tunnel Le tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, à Montréal, ont explosé de 1 milliard $.
Peut-on s’attendre à la même chose avec le projet de 3e lien, dont le coût maximal était estimé à 6,5 milliards $ il y a un an?
« Je ne pense pas qu’on peut comparer la construction d’un nouveau tunnel puis la rénovation d’un tunnel qui, bon, est en plus mauvais état qu’on pensait. Puis d’ailleurs, à l’époque, François Bonnardel avait dit que les budgets risquaient d’augmenter », a indiqué M. Legault, mercredi.
« Du gros n’importe quoi », dit le PLQ
De son côté, le chef libéral par intérim, Marc Tanguay, croit désormais que le projet de 3e lien ne se fera jamais.
« C’est du gros n’importe quoi. On dépense tellement de temps, d’énergie, de salive, d’encre, de temps radio, de temps TV sur un projet fantôme qui n’existe même pas dans le budget, pour lequel il n’y a même pas d’étude, puis qui n’est pas justifié », a lâché le député de LaFontaine.
« Je suis tanné de parler du troisième lien. Moi, je suis tanné de parler d’un fantôme », a-t-il ajouté.
« Est-ce que ça va se faire un jour? Disons, mon côté optimiste me tend à penser qu’un moment donné la réalité va rattraper la CAQ », a commenté de son côté le leader parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois.
« Pas sûr qu’on va voir ça de notre vivant, a continué le député de Gouin. Ma moitié pessimiste me dit qu’on est devant un gouvernement qui est tellement entêté, qui est tellement idéologique, qui est tellement déconnecté de la réalité de la crise climatique qu’il y a peut-être des risques qu’il s’entête jusqu’au bout puis qu’il nous fasse foncer dans le mur avec lui. Ça fait que j’espère que c’est ma moitié optimiste qui a raison. »