
Les groupes représentant les agriculteurs prouvent que la concertation peut accomplir de grandes choses quand tout le monde parle d’une seule voix.
Le portrait de la santé mentale des agriculteurs était peu reluisant il y a une dizaine d’années au Québec. Les recherches confirmaient un taux de suicide plus élevé que dans la population, tout comme le stress et la dépression, avec les drames humains qui les accompagnent.
Une mobilisation du milieu a permis la création à Saint-Hyacinthe d’une maison de répit pour les agriculteurs, qui offre aussi des services de première ligne d’écoute, de soutien et d’accompagnement.
Treize intervenantes, appelées travailleuses de rang, travaillent également dans les neuf régions agricoles du Québec pour offrir des services adaptés à un secteur qui a ses particularités propres.
Mobilisation et sensibilisation
Isabelle Sauriol, coordonnatrice au Service de santé et de sécurité du travail à l’Union des producteurs agricoles (UPA), confirme la popularité de ces services. Il est difficile selon elle de lier leur engouement à un déclin de la santé mentale des agriculteurs, ou à un changement de perception, en raison de l’absence de données.
La bonne nouvelle est qu’ils semblent davantage portés à demander de l’aide.
« La pandémie n’a pas changé grand-chose pour eux : ils sont habitués à travailler seuls et sous pression. Mais ils sont affectés par les problèmes de main-d’œuvre, la hausse des coûts et les changements climatiques ».
Le changement de ton des dernières années est étroitement lié à la volonté du milieu de prendre davantage position sur la question de la santé mentale, selon Mme Sauriol.
L’UPA a elle-même créé un poste consacré à la santé mentale au sein de ses 12 bureaux régionaux.
De plus, 4000 personnes gravitant dans le secteur agricole ont été formées depuis 2016 par le Centre de prévention du suicide afin de repérer les signes de détresse.