
Une mère qui a vu son enfant de cinq ans se faire happer mortellement par une camionnette l’été dernier déplore le manque de ressources pour passer à travers cette épreuve.
«Je trouve ça déplorable. Du soutien, je n’en aurai peut-être pas besoin toute ma vie, mais sûrement pour une bonne partie», affirme Vanessa Cahill, s’estimant laissée à elle-même par le système.
Sa vie a basculé le 7 juillet dernier lorsque son jeune garçon Justin a enfourché son vélo pour suivre un véhicule qui quittait leur stationnement.
«Cette journée-là, il n’y a pas que mon fils qui est décédé, il y a moi aussi d’une certaine manière. C’est dur d’avancer», soutient, émotive, Mme Cahill.
Le conducteur de la camionnette, qui louait depuis peu une chambre chez Mme Cahill, s’est alors mis à reculer sur ses pas puisqu’il avait oublié quelque chose à la maison.
Il n’a jamais vu l’enfant qui se trouvait derrière lui et l’a happé mortellement. Le véhicule ne possédait pas de caméra de recul.
«Je suis sortie en courant, je me suis mise à crier. J’ai ramassé mon fils qui était déjà décédé. Il n’avait plus son casque sur la tête, il était rendu fendu sous le camion», se remémore la mère de deux enfants.
Aucune accusation n’a été portée contre le conducteur de la camionnette, puisqu’il s’agissait d’un accident.
Mois difficiles
La résidente de Barraute, en Abitibi-Témiscamingue, affirme avoir subi un choc post-traumatique. Elle a depuis des pertes de mémoire, des tremblements et des hallucinations.
«Je suis encore en vie aujourd’hui, mais je ne pense pas pouvoir retrouver la maman que j’étais, la Vanessa que j’étais. Elle est partie en même temps que mon fils», explique Mme Cahill.
Depuis l’accident, la femme de 31 ans doit régulièrement se rendre à des séances de psychothérapie.
La Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) a payé environ 70% de la facture lors de ses 15 premières séances avec un psychologue.
«Une fois mes 15 rendez-vous passés, c’est: “Arrange-toi avec tes troubles”», affirme-t-elle.
Mme Cahill s’est parallèlement tournée vers des groupes de parents endeuillés sur les réseaux sociaux afin de l’aider à surmonter cette épreuve.
Elle a aussi pu bénéficier pendant quelques semaines de prestations de maladie de l’assurance-emploi. Celles-ci étant toutefois temporaires, Mme Cahill a dû retourner au travail faute de budget.
«Je trouve que les ressources pour ces parents ne sont pas adaptées», précise celle qui travaille actuellement dans un centre de ski de la région.
Fait saillant : En 2021, 18 enfants de 14 ans et moins étaient décédés dans un accident de la route au Québec, selon les plus récentes données de la SAAQ.