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Début décembre, une vidéo montrant des Rohingyas sur une embarcation de fortune bondée a fait le tour des réseaux sociaux. Il dérivait dans la mer d’Andaman, entre le Bangladesh, le Myanmar, l’Indonésie et la Thaïlande, mais aucun pays n’est venu à son secours – malgré les appels des ONG et de l’ONU. De nombreux bateaux connaissent le même sort, et chaque année des Rohingyas meurent en mer dans l’espoir d’atteindre l’Indonésie ou la Malaisie.
Les Rohingyas sont persécutés dans leur pays d’origine, le Myanmar. Depuis le début des années 1990, près d’un million de Rohingyas ont fui vers le Bangladesh voisin, pays à majorité musulmane.
Mais de plus en plus de Rohingyas décident également de fuir le Bangladesh. Des centaines de réfugiés rohingyas ont pris la mer pour échapper aux immenses camps de Cox’s Bazar, au Bangladesh. Ils espéraient rejoindre la Malaisie pour rejoindre leurs familles ou commencer une nouvelle vie, mais plusieurs bateaux ont été endommagés lors de leurs voyages.
Malgré les appels des ONG et les Nations Uniesles pays voisins que sont la Thaïlande, l’Indonésie, la Malaisie et l’Inde ne sont pas intervenus pour accueillir les bateaux ou leurs passagers.
Deux bateaux ont finalement été récupérés par des pêcheurs en Indonésie fin décembre, dont l’un, selon des ONG, dérivait depuis plusieurs semaines sans moteur. Un autre bateau a été récupéré par la marine sri-lankaise. Un quatrième a été secouru par un pétrolier vietnamien, mais les passagers ont finalement été remis à la marine birmane et mis en prison, dont des femmes et des enfants. Un autre bateau a complètement disparu après avoir envoyé un SOS.
Bien que le nombre soit difficile à vérifier, les ONG estiment que jusqu’à 400 Rohingyas sont morts en mer en 2022.
Chris Lewa, directeur de l’ONG Arakan Project, qui suit de près la trajectoire de ces bateaux, affirme que de plus en plus de Rohingyas décident de quitter Cox’s Bazar.
Les deux principales raisons sont :
a) le manque d’espoir d’un rapatriement au Myanmar dans un avenir prévisible en raison du coup d’État militaire (les auteurs des atrocités qui ont conduit à leur fuite en 2012 sont désormais aux commandes au Myanmar) et de la reprise du conflit armé entre l’armée d’Arakan et l’armée birmane (les Rohingyas sont pris au milieu même s’ils ne sont pas partie prenante de ce conflit)
b) détérioration des conditions déjà précaires et surpeuplées dans les camps de réfugiés du Bangladesh et montée de l’insécurité (gangs armés, trafic de drogue, meurtres et enlèvements contre rançon dans les camps) couplée à une réponse sécuritaire du Bangladesh empêchant les Rohingyas de sortir des camps, construisant barbelés, destruction policière de magasins, fermeture forcée d’écoles, harcèlement policier, etc.)
Dans cet épisode de The Observers, nous avons parlé à un réfugié rohingya de Cox’s Bazar qui nous a expliqué que l’insécurité accrue et les conditions épouvantables dans les camps de réfugiés ont poussé un certain nombre de personnes à prendre le risque en mer pour rejoindre un autre pays.