June 7, 2023
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Damien Abad : des honneurs à l'Assemblée malgré les accusations de viol

DAMIEN ABAD. Visé par une enquête pour tentative de viol, Damien Abad siège toujours à l’Assemblée nationale et ne semble plus souffrir des accusations qui pèsent sur lui. Des accusations qu’il dément fermement.

[Mis à jour le 21 décembre 2022 à 11h49] Remercié par le gouvernement, Damien Abad siège toujours à l’Assemblée nationale depuis que les accusations de viol qui le visent ont été rendues publiques, en juin 2022. Secoué par l’affaire quelques semaines, l’élu a depuis fait profil bas mais est rattrapé par les soupçons alors que la femme -elle aussi députée- qui a porté plainte contre lui témoigne dans les colonnes de RMC. Le récit de la plaignante reprend des éléments lus dans les témoignages des autres accusatrices : une drague insistante puis lourde, l’offre d’un verre qui selon elle contenait de la drogue et une tentative de viol. Si elle s’étend sur ses échanges avec Damien Abad, la plaignante alerte surtout sur le peu de conséquences qu’a eu l’affaire sur le député, couvert par la présomption d’innocence. Présomption qui prend des airs “d’impunité” selon la politique qui a assisté à la nomination du député de l’Ain comme président du groupe d’amitié franco libanais, le 7 décembre. Des honneurs qui, selon elle, peuvent entraver le travail de l’enquête. “J’ai peur qu’on entrave la justice en donnant trop de pouvoir à une personne qui m’a agressée et qui a tenté de me violer. J’ai eu trop de personnes qui m’ont […] assuré de refuser vouloir témoigner parce qu’elle avait peur des représailles que je crains que le signal d’une nomination de représentation de la France aux côtés d’Emmanuel Macron soit un mauvais signal pour le bon fonctionnement de la justice”, a expliqué la plaignante auprès du média.

Car si l’affaire Abad a poussé l’ex-ministre de la Santé à quitter le gouvernement “par devoir d’exemplarité” selon la Première ministre Elisabeth Borne, les accusations de viol n’ont pas empêché Damien Abad de figurer à l’Assemblée nationale et d’obtenir un titre honorifique qui le place proche du chef de l’Etat en de rares occasions. Une situation qui ne semble pas poser de problème à la majorité présidentielle, laquelle a rappelé début décembre que Damien Abad est “un député comme un autre”, à ceci près qu’une enquête le vise.

Damien Abad démis de ses fonctions de ministre des Solidarités

Ministre des Solidarités, Damien Abad ne l’est plus depuis le 4 juillet 2022. L’homme politique a passé un peu plus d’un mois au gouvernement et tout son mandat a été secoué par une série d’accusations de viol, des plaintes, jusqu’à l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet de Paris. La mise en cause du député interrogeait son maintien au sein de l’équipe ministérielle avant même le remaniement mais c’est la nomination du nouveau gouvernement qui a officialisé la sortie de Damien Abad de l’exécutif. L’ancien ministre est le seul dont le gouvernement s’est séparé lors du remaniement, le départ des trois autres ministres étant annoncé depuis le mi-juin et leur défaite aux élections législatives.

S’il a publiquement indiqué son regret de quitter le gouvernement, Damien Abad a remercié Emmanuel Macron pour la confiance qu’il a placée en lui en mai dernier : “Je tiens à remercier chaleureusement le président de la République pour la confiance dont il me témoigne depuis le début. J’ai encore échangé longuement avec lui hier. Il paraissait préférable, face aux calomnies ignobles dont je suis la cible, orchestrées dans un calendrier bien choisi […] que je puisse me défendre sans entraver l’action du gouvernement.” Lors de sa passation de pouvoir, le 4 juillet, Damien Abad a répété le “grand regret” causé par son départ sans manquer dénoncer une nouvelle fois les accusations à son encontre comme des “calomnies ignobles” qui s’inscrivent dans un “mouvement funeste qui relègue la présomption d’innocence au rang de vieillerie”. 

Damien Abad avait gagné son maintien au ministère des Solidarités les 19 juin lorsqu’il a remporté les élections législatives dans la 5ème circonscription de l’Ain. La victoire était le gage de la légitimité du ministre pour rester au gouvernement mais c’était sans compter sur les lourdes accusations qui pèsent sur lui. Alors qu’il avait présenté le vote des électeurs comme “seul juge de paix” avec le second tour des législatives, Damien Abad n’a pas réussi malgré sa réélection à conserver sa place au gouvernement. Pourtant le député sortant a remporté le droit de s’installer de nouveau à l’Assemblée nationale avec un score confortable de 57,86% des voix.

Damien Abad, de député LR à député Renaissance

Damien Abad a été nommé par Emmanuel Macron ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées le 20 mai 2022. Cette nomination a été le fruit d’un processus de plusieurs semaines, les discussions entre le député et Thierry Solère, conseiller politique du chef de l’Etat, connu pour recruter des nouveaux soutiens à droite, ayant débuté seulement quelques jours après la réélection du chef de l’Etat selon Le Figaro. Des messes basses qui n’ont pas plus aux Républicains. C’est sous la pression de nombre d’entre eux que Damien Abad a finalement annoncé qu’il quittait la présidence du groupe LR à l’Assemblée nationale et qu’il se mettait “en congé” de son parti le 19 mai, à moins de 24 heures de sa nomination au gouvernement.

Damien Abad s’en est expliqué de nouveau dans les colonnes du Figaro : “Je décide aujourd’hui de quitter ma fonction de président du groupe LR à l’Assemblée dans un souci de clarté, de cohérence et de responsabilité”, a-t-il assuré. “Je reste un homme de droite, mais je ne me reconnais plus dans la démarche de LR”, a notamment expliqué Damien Abad, affirmant que “face au danger populiste, [il] ne cro[yait] pas aux clivages anciens, mais au rassemblement de tous ceux qui souhaitent faire avancer notre pays”. Désormais, après son éviction du gouvernement le lundi 4 juillet, Damien Abad revient à l’Assemblée antionale après son éviction du gouvernement Borne 2. Il siégera au sein du groupe Renaissance (ex-LREM). 

Quel est le handicap de Damien Abad ?

Damien Abad souffre d’une maladie congénitale rare appelée “arthrogrypose”. Cette maladie, dite “syndrome d’immobilité fœtale”, provoque avant même la naissance, des anomalies neurologiques et se manifeste par une série de problèmes musculaires aux quatre membres. Les conséquences peuvent aussi être d’ordre squelettique ou viscéral. Si la mortalité à la naissance est importante, la durée de vie d’un malade peut être ensuite normale, mais souvent avec de lourds handicaps.

Damien Abad est le premier élu de la Ve République à porter un handicap aussi visible et est, en ce sens, l’une des rares personnalités à incarner l’inclusion des personnes souffrant d’un handicap physique dans le monde politique en France. Le ministre ne s’exprime que très rarement à ce sujet. Il faut remonter à une interview de janvier 2020 au Parisien pour voir Damien Abad évoquer sa maladie : “J’ai toujours fait en sorte que ce ne soit ni un frein ni un moteur en politique”, affirmait-il alors. “La toute première fois que vous arrivez sur un marché, pour distribuer des tracts, c’est là que c’est le plus difficile.”

En mai, Damien Abad est revenu sur son handicap pour se défendre contre les accusations de viols le visant. “Dans ma position, l’acte sexuel ne peut survenir qu’avec l’assistance et la bienveillance de ma partenaire. […] En outre, je suis dans l’incapacité de porter une personne, de la transporter et de la déshabiller”, a-t-il expliqué. 

Damien Abad était donc jusqu’à présent député LR de l’Ain et président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale. Né le 5 avril 1980 à Nîmes, il est issu d’une famille qui a fui l’Espagne de Franco pendant les années 1930-1940. Le nom d’Abad est d’ailleurs d’origine languedocienne et catalane. Damien Abad suit une scolarité brillante, malgré son handicap lié à une maladie neurologique, l’arthrogrypose (lire plus bas). Il sortira major de Sciences Po Bordeaux et est diplômé de Sciences Po Paris dans les années 2000, où il deviendra maître de conférences. Il ne parviendra pas cependant à intégrer l’ENA, échouant à deux reprises au Grand oral de l’école d’administration.

Jeune, Damien Abad se rapproche très tôt de la politique, en travaillant pour les groupes centristes à l’Assemblée nationale sur les questions budgétaires et fiscales. Il sera candidat dès 2007 aux législatives dans les Yvelines, mais obtiendra moins de 5% des voix au premier tour. Fondateur des “Jeunes Centristes” en 2008, il devient Secrétaire général adjoint du Nouveau Centre deux ans plus tard. Damien Abad se cherche alors un territoire comme point de chute et est successivement élu conseiller municipal de Vauvert (Gard), député européen dans la circonscription Sud-Est à la faveur d’une alliance UMP-NC en 2009, puis conseiller régional de Rhône-Alpes et enfin conseiller départemental de l’Ain, trouvant enfin un département d’adoption et un nouveau parti : l’UMP. Lors des législatives 2012, il est élu député dans la 5e circonscription de l’Ain, nouvellement créée. Il a été réélu en 2017 avec 35% des voix au premier tour et 67% au second, face à une candidate de la République en Marche.

Damien Abad est connu pour avoir été l’un des plus jeunes élus du Parlement européen, benjamin des eurodéputés français. Il sera aussi un des six plus jeunes députés de France à l’Assemblée nationale. Soutient de Bruno Le Maire pour la primaire de la droite en 2016 et néanmoins fidèle à François Fillon pendant la campagne de 2017, il sera un temps vice-président des Républicains après avoir soutenu Laurent Wauquiez pour la direction du parti. Il avait soutenu Xavier Bertrand en amont de l’élection présidentielle de 2022 et s’affichait depuis comme favorable à un rapprochement avec LREM.

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