
Des Montréalais exaspérés par le bruit incessant des avions de l’aéroport Montréal-Trudeau dénoncent qu’ils doivent s’enfermer chez eux, en raison du volume qui dépasse les normes de santé publique.
«C’est désagréable, on ne s’entend plus parler. Le dimanche, quand on va au parc avec les enfants, ça passe aux deux minutes au-dessus de nos têtes», soupire Jean-François Normand, qui habite le quartier Villeray depuis 15 ans.
Il soutient que le volume et la fréquence des avions augmentent d’année en année avec le trafic aérien, jusqu’à devenir insoutenable.
Un jour, il a mesuré le niveau sonore avec son téléphone dans sa cour: 80 décibels, l’équivalent du son d’un réveil-matin, d’une usine ou d’un restaurant animé.
Pour éviter les maux de tête, le père de famille se confine à l’intérieur l’été, avec les portes et fenêtres fermées.
Travaux
Le quartier Villeray a beau être situé à plus de 15 km de l’aéroport Montréal-Trudeau, il se trouve dans l’alignement de la piste sud.
Jusqu’au 23 juin, une grande partie des avions seront redirigés vers cette piste en raison de la suite de travaux sur la piste nord, a annoncé Aéroports de Montréal (ADM).
Mais pour un groupe citoyen mobilisé depuis 2012 contre les nuisances sonores, le problème dépasse largement des travaux ponctuels.
«Ça n’arrête jamais. C’est sans arrêt. Soit ils démolissent, soit ils bâtissent», s’indigne le fondateur des Pollués de Montréal-Trudeau, Antoine Bécotte.
Le groupe a installé dix stations communautaires de mesure du bruit à Montréal, dont certaines à Ahuntsic, Villeray et Saint-Michel, des endroits alignés sur les pistes, mais où ADM n’a pas de station.
Les données recueillies montrent que le bruit généré par les avions atteint parfois des pics de 70 décibels, voire 85 décibels à certains endroits.
Au-delà des normes
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande que le bruit dû au trafic aérien ne dépasse pas une moyenne 45 décibels le jour et 40 décibels la nuit.
«C’est une moyenne. Les événements en vrai sont beaucoup plus dérangeants. […] Le bruit ressort du bruit ambiant, il est très reconnaissable», souligne Mathieu Gauthier, conseiller scientifique à l’Institut de santé publique du Québec.
«Les niveaux sonores peuvent avoir plusieurs effets sur la santé, comme les maladies cardiovasculaires, la perturbation du sommeil, une diminution de la qualité de vie», explique Louis-François Tétreault, expert à la Direction régionale de santé publique de Montréal.
Dans un courriel, Aéroports de Montréal indique qu’il est « trop tôt » pour faire une évaluation des plaintes en lien avec les travaux de la piste nord.
Le porte-parole, Eric Forest, ne veut pas commenter davantage dans la mesure où une action collective des Pollués de Montréal-Trudeau sur le sujet n’a pas encore été entendue.